Ce qu'il faut savoir sur le sommet de Nagoya
DECRYPTAGE•Les clés pour comprendre ce qui se passera pendant le sommet sur la biodiversité...Audrey Chauvet
Ce lundi s’ouvre à Nagoya, au Japon, la dixième conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique. Réunissant 193 pays, le sommet de Nagoya devrait permettre d’orienter les politiques internationales sur la biodiversité pour les dix à quarante prochaines années. 20minutes.fr vous donne les clés pour comprendre ce qui y sera débattu.
Biodiversité, érosion, crise d’extinction...
La diversité biologique, rebaptisée biodiversité, n’est pas simplement la somme des espèces vivant sur terre. Elle représente surtout les interactions entre ces espèces et avec leur milieu naturel. Cet équilibre a mis des milliards d’années à se construire et est en perpétuelle évolution. Toutefois, la rapidité de modification des milieux naturels entraînée par les activités humaines ne permet plus aujourd’hui aux espèces de s’adapter assez rapidement.
Les scientifiques s’accordent aujourd’hui à dire que l’on aborde la sixième crise d’extinction d’espèces: le taux d’extinction serait entre 50 et 560 fois supérieur au taux d’extinction «naturel» (une espèce par an pour un million d’espèces).
Avant de disparaître complètement, une espèce «s’érode», c’est-à-dire que le nombre de ses représentants diminue de façon plus ou moins rapide. On parle donc d’érosion de la biodiversité pour désigner la baisse du nombre de spécimens vivants.
Convention sur la diversité biologique
Le sommet des Nations unies qui a eu lieu à Rio en 1992 a été fondateur dans la lutte pour la préservation de l’environnement. Trois conventions en sont nées: la plus connue est la convention sur le climat, dont les parties se sont réunies à Copenhague en décembre 2009, la convention sur la désertification et la convention sur la biodiversité (ou CBD: convention on biological diversity). Cette dernière a été signée par 193 pays, mais les Etats-Unis ne l’ont pas ratifiée.
Cette convention est un traité international qui s’impose donc aux pays signataires. Toutefois, il ne porte que des objectifs non chiffrés, qui sont «la conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable de ses éléments et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques». Ce sont les protocoles ensuite négociés entre les pays «parties» qui permettent une mise en œuvre concrète des objectifs. Les droits nationaux, ou communautaires dans le cas de l’Europe, doivent les respecter dès lors qu’ils sont ratifiés.
Biopiraterie, accès aux ressources génétiques et partage des avantages...
Un des enjeux du sommet de Nagoya est la signature du protocole «ABS», comme «access and benefit sharing»: il s’agit d’encadrer l’accès aux ressources naturelles et d’en partager les avantages. Ce protocole concerne principalement les industries pharmaceutiques, chimiques ou cosmétiques des pays du Nord qui utilisent abondamment les ressources génétiques des plantes des pays du Sud. Les entreprises sont souvent accusées de biopiraterie, c’est-à-dire de «voler» aux populations locales les plantes ou méthodes traditionnelles en les brevetant. Molécules de fleurs pour les cosmétiques, principes actifs pour les médicaments,...les multinationales n’hésitent pas à breveter ces découvertes, en rendant ainsi leur usage légalement impossible pour les autochtones.
Le protocole en discussion à Nagoya aura donc pour but de réguler l’exploitation des ressources naturelles par les entreprises en les obligeant à partager les avantages financiers issus de leur exploitation.