Après la visite de deux secrétaires d’Etat roumains en France, il y a deux semaines pour discuter de la situation des Roms, c’est au tour de deux membres du gouvernement français de venir s’entretenir à Bucarest avec les autorités roumaines ce jeudi. Le ministre de l’Immigration, Eric Besson, sera accompagné du secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, pour une réception qui ne s’annonce pas forcément des plus cordiales.

«La discussion dépasse le cadre strictement bilatéral. Disons-le sans ambiguïté: à quelques exceptions près, les communautés Roms rencontrent dans toute l'Europe les mêmes difficultés subjectives et objectives», déclare ce jeudi Teodor Baconschi, le ministre des Affaires étrangères roumain, dans le quotidien Evenimentul Zilei.

Le gouvernement roumain «inquiet» face aux rapatriements de Roms

«Ni une politique sécuritaire, ni un assistanat paternaliste ne constituent une réponse durable», selon le ministre qui souligne son «inquiétude» face «aux rapatriements collectifs de citoyens roumains Roms» par Paris. Teodor Baconschi se dit tout de même prêt «à collaborer avec les autorités françaises dans le cadre de projets concrets» qui seront discutés ce jeudi.

Mercredi, le président roumain, Traian Basescu, avait ouvert les hostilités en déclarant qu'il ne donnait «pas raison» aux dirigeants français sur leur politique actuelle envers les Roms même s’il espérait bien trouver des solutions communes avec les ministres français.

Sur les «500 Roms rapatriés récemment, aucun n'avait commis d'infraction»

«Le gouvernement français agit en dehors des conditions d'un Etat européen», a-t-il ajouté, soulignant que sur les «500 Roms rapatriés récemment, aucun n'avait commis d'infraction». «En même temps, nous ne pouvons pas faire porter les responsabilités uniquement sur le gouvernement français», a tenu à souligner le chef de l'Etat roumain.

«Il y a également une responsabilité majeure de notre part, car ce sont nos citoyens, mais la plus grande responsabilité est aussi celle des Roms», a-t-il concédé. Le président roumain a cependant précisé que si Eric Besson et Pierre Lellouche viennent «pour donner une leçon, cela ne résoudra rien».