L’opération démarre. Le forage du puits de secours pour débloquer les 33 mineurs coincés depuis le 5 août à 700 mètres sous terre au Chili va débuter ce lundi. Les travaux devraient durer trois à quatre mois. Explications.

Comment va se passer le sauvetage?
Les derniers préparatifs touchent à leur fin. Si le forage était prévu pour débuter ce lundi à l’aube, l’attente d’une pièce pour la Strata 950, l’excavateur, a prolongé un peu le délai. «La cheminée (...) qui va au refuge (où sont les mineurs) descendra à 702 m en ligne droite», a expliqué l’ingénieur chargé du sauvetage, Andrés Sougarret. La machine agira en deux temps, forant d'abord un conduit de 35 cm de diamètre environ, puis l'élargissant à 66 cm, afin de permettre d'extraire un à un les hommes bloqués depuis 24 jours.

Qu’est ce que la Strata 950?
C’est l'excavateur dernier cri qui devrait permettre de remonter à la surface les mineurs. Il pèse 30 tonnes, de conception australienne, et est capable, selon ses opérateurs, d'avancer de 15-20 m par jour dans des conditions optimales.

Pourquoi l’opération dure-t-elle aussi longtemps?
Il y a d’importantes contraintes techniques pour forer à une telle profondeur. Jean-Pierre Tshibangu, responsable du service de génie minier de l’université polytechnique de Mons, en Belgique, explique à 20minutes.fr: «Suivant la nature des terrains traversés, s’ils sont friables, il va falloir soutenir le forage». Sinon, tout va s’effondrer. Cela ralentit considérablement le processus car les parois doivent être traitées au fur et à mesure.

Sans compter qu’on doit gérer les déchets. «Comme il y a des gens en dessous, on ne peut pas se permettre de faire tomber des déblais: les poussières provoquées par la chute mettraient la vie des mineurs en danger», explique Jean-Pierre Tshibangu.

Enfin, comme il faut ensuite pouvoir évacuer des hommes, le diamètre du forage doit être suffisamment important. «Le délai est ensuite incompressible, en fonction de la puissance des machines», conclut le spécialiste.

N’est-ce pas possible d’aller plus vite?
Pour le moment, aucune autre technique n’est fiable. Mais pour multiplier les chances, le gouvernement étudie d’autres solutions, parallèlement à la mise en route de l'excavatrice. Des techniciens ont déjà évoqué la possibilité d'élargir une des trois fines perforations déjà creusées, allant jusqu'à 600m de profondeur au niveau d'un atelier.

«Nous pouvons élargir l'orifice qui est déjà fait avec une machine de diamètre supérieur», a expliqué à la presse le responsable qualité de l'équipementier Geotec, Walter Herrera. «Le délai, totalement indicatif, pourrait être de deux mois», selon lui. Les mineurs peuvent se déplacer jusqu'à l'atelier, car son accès n'a pas été obstrué.

«Le président Pinera nous a chargé d'essayer de trouver des solutions plus rapides, nous avons passé en revue dix options différentes qui sont examinées par des techniciens d'ENAP (compagnie pétrolière publique) et de Codelco (géant miner public), et à l'heure actuelle il n'y en a aucune», a expliqué le ministre des Mines sur Radio Cooperativa.

Comment s’organise la vie en attendant les secours?
Les mineurs, parallèlement à l’opération de forage, vont déménager vers une partie plus sèche, au fond de la mine, la zone où ils se trouvent actuellement étant très humide. Cette humidité s’ajoutant à la chaleur -32° dans leur refuge- a créé des problèmes sanitaires.

Le ministre de la Santé chilien, Jaime Manalich, a indiqué que la première phase de réalimentation des mineurs était terminée et que dès lundi commencerait la phase d'alimentation normale avec des rations supérieures.

Il a annoncé que des analyses avaient montré que deux des quatre sources d'eau présentes dans la mine étaient potables et que du chlore avait été envoyé aux mineurs pour les rendre encore plus sûres. Il a enfin souligné que les mineurs avaient commencé à se raser et avaient pu changer de vêtements.