Mineurs chiliens: «Des contacts réguliers avec le monde extérieur devraient permettre d'éviter un stress trop important»
INTERVIEW•Sophie Lumineau est enseignant-chercheur à l'Université de Rennes 1 et secrétaire adjointe de la société francophone de chronobiologie...Propos recueillis par Armelle Le Goff
Comment s’organise la vie pour la survie dans un espace confiné comme la mine dans laquelle sont piégés 33 mineurs chiliens depuis le 5 août?
Les expériences menées avec des personnes seules dans un espace confiné et sans repères spatio-temporels ont montré que, dans ces cas-là, l’organisme s’organise seul pour générer un rythme qui lui est propre et tourne en général autour de 25 heures. Dans le cas d’un groupe, les individus se synchronisent entre eux sur un rythme d’environ 25 heures également.
Le ratio veille/sommeil est-il toujours le même?
Oui tout à fait. Le sommeil occupe environ un tiers du temps pour 2/3 de temps de veille, mais sans forcément le respect de l’alternance jour/nuit du monde extérieur, puisque le corps suit son propre rythme ou celui du groupe.
Comment les individus gèrent-ils leurs angoisses liées au fait d’être prisonnier d’un environnement qui n’est pas habituellement le leur?
Il est très important d’avoir la possibilité de contacts avec l’extérieur, sinon les individus risquent d’être soumis à un stress trop important, voire insupportable, puisque l’absence de contacts peut mener au suicide. Par ailleurs, les expériences ont démontré qu’un quart des individus, au bout de deux semaines, perdent leur rythme interne, ce qui entraîne des troubles du sommeil, anxiété, irritabilité et des troubles digestifs.
Dans le cas des mineurs chiliens, des contacts réguliers avec le monde extérieur devraient permettre d’éviter que des individus soient soumis à un stress trop important et de leur assurer un rythme régulier sur le long terme. La difficulté en ce qui les concerne va être de supporter la vie en groupe dans un espace clos.