Roms: Ils ne sont pas mieux lotis dans le reste de l'Europe
SOCIETE•En dehors de la France, ils sont également victimes de discriminations et de politiques restrictives...Corentin Chauvel avec AFP
Alors qu’en France les démantèlements de camps illégaux se sont multipliés ces dernières semaines et que les premiers vols de retour à destination de la Roumanie et la Bulgarie sont partis ce jeudi, un vaste coup de projecteur est porté sur la difficile situation des Roms vivant dans notre pays. Cependant, le sort de la première minorité d’Europe (huit à dix millions de personnes) n’est pas vraiment meilleur dans les autres Etats européens.
Des expulsions également au Danemark et en Allemagne
D’est en ouest, les Roms sont régulièrement victimes de mauvais traitements ou de mesures restrictives similaires à celles que la France a mises en place cet été. En Europe de l’Ouest, tous les moyens sont bons pour procéder à des expulsions de territoire. Au Danemark, le maire de Copenhague, Frank Jensen (social-démocrate), s'est récemment ému du nombre de Roms mendiant dans les rues ou commettant des cambriolages et a appelé les autorités à intervenir.
Ces dernières ont ainsi expulsé début juillet une vingtaine de Roms accusés d’avoir enfreint «l'ordre public». Ceux-ci sont désormais interdits d’entrée au Danemark pendant deux ans. L’Allemagne a entamé elle un processus de rapatriement plusieurs centaines de jeunes Roms originaires du Kosovo alors que la plupart d’entre eux sont nés en Allemagne et ne parlent ni le serbe, ni l’albanais. Selon un rapport de l'Unicef, 38% des Roms renvoyés d'Allemagne se retrouvent ainsi apatrides.
A l’Est, une «décennie d'inclusion des Roms» bien peu efficace
L’Italie est également bien connue pour pratiquer une politique particulièrement dure à l’égard des Roms. Fin juin, devant le Comité européen des Droits sociaux (DECS), le Center on Housing Rights and Evictions (COHRE) a dénoncé des mesures récentes de sécurité, dites d'urgence, et les discours xénophobes dans la péninsule. «Cela a abouti à des expulsions et à des campagnes illégales ciblant de façon disproportionnée les Roms et les Sintis, les menant à l'état de sans-abri», a affirmé cette organisation de défense.
En Europe de l’Est, où les Roms sont les plus nombreux, ils ne sont pas mieux intégrés malgré la «décennie d'inclusion des Roms» lancée en 2005 par neuf pays dont la Roumanie et la Bulgarie, d’où la majorité sont originaires (entre 530.000 et 2,5 millions en Roumanie, environ 800.000 personnes en Bulgarie). Là-bas, ils continuent de vivre largement en-dessous du seuil de pauvreté et de subir discriminations et agressions physiques.
Quelques bons élèves quand même
Les rares pays européens ayant démontré une attitude positive avec les Roms sont la Suède, l’Espagne, qui détient la plus grande communauté d’Europe de l’ouest (environ 700.000), la Grèce, la Finlande et le Portugal où les pouvoirs publics oeuvrent pour leur intégration. En Suède par exemple, où ils sont autant qu’en France (environ 15.000), les Roms sont officiellement considérés comme une minorité et le gouvernement a créé en 2006 une délégation qui leur est dédiée afin d’améliorer leurs conditions d’existence.
Même si elle a tenté de se mobiliser sur le sujet ces dernières années, l’Union européenne reste paralysée. «Il y a des résistances, et peu d'avancées se sont produites depuis la résolution du Parlement européen de janvier 2008 (réclamant une stratégie européenne à l'égard des Roms, ndr), même s'il y a toujours plus de pression sur Bruxelles», indiquait en avril dernier Belen Sanchez Rubio, porte-parole de la Coalition pour une politique européenne pour la population gitane.