SECURITELes Unités territoriales de quartier ont le vent en poupe

Les Unités territoriales de quartier ont le vent en poupe

SECURITEBrice Hortefeux va doubler leur nombre tandis que l'opposition voit en elles une police de proximité bis...
Corentin Chauvel avec AFP

Corentin Chauvel avec AFP

L’annonce ce mardi par le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, de la création d’une nouvelle Unité territoriale de quartier (UTeQ) à Toulon (Var) fait partie du vaste plan de quasi-doublement de ces effectifs lancé le 24 juin dernier à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Même si le gouvernement s’en défend, l’opposition estime que ces unités ressemblent à s’y méprendre à la police de proximité supprimée par Nicolas Sarkozy en 2002.

«Rétablir le lien de confiance» entre la population et les forces de l’ordre

Les UTeQ ont été lancées le 14 avril 2008 par la ministre de l’Intérieur de l’époque, Michèle Alliot-Marie, en Seine-Saint-Denis (Clichy-Montfermeil, La Courneuve et Saint-Denis), et le 29 septembre de la même année en province, à Toulouse. Depuis deux ans, des dizaines de nouvelles unités ont été créées dans tout le pays, essentiellement dans les quartiers les plus sensibles des grandes agglomérations (Lille, Strasbourg, Perpignan, Marseille, Rennes, Montpellier, Nice, Vénissieux, Vaux-en-Velin...).

Accompagnées pour certaines de Compagnies de sécurisation, leur objectif est d’effectuer des «missions de police, de voie publique, de surveillance, d'enquête et d'interpellation», et surtout «rétablir le lien de confiance» entre la population des quartiers sensibles et les forces de l’ordre.

Les UTeQ, «ce ne sont pas des agents d'ambiance»

Les UTeQ, «ce ne sont pas des agents d'ambiance», a insisté le 24 juin Brice Hortefeux. Ses membres «sont là pour lutter contre la délinquance, identifier et interpeller (les auteurs de délits, ndr), chercher du renseignement et renforcer les liens avec la population», a-t-il affirmé. L’«accompagnement social», qui était l’une des caractéristiques de la police de proximité du gouvernement Jospin (1997-2002), ne fait donc pas partie de l’UTeQ et cela fait toute la différence pour la majorité actuelle.

Pour Nicolas Sarkozy, «médecin légiste plutôt qu’assassin» de la police de proximité selon Alain Bauer, président de l’Observatoire national de la délinquance, le dispositif mis en place par la gauche ne remplissait pas un véritable rôle de police et ne servait «qu'à organiser des matches de football» avec les jeunes de banlieue.

«Le gouvernement sort enfin de son entêtement idéologique»

Toujours est-il qu’au lancement des UTeQ, l'opposition y a vu immédiatement «une police de proximité qui n'avoue pas son nom». Claude Bartolone, président socialiste du conseil général de Seine-Saint-Denis, s’est alors félicité de leur succès fin juin: «Le gouvernement sort enfin de son entêtement idéologique» avec la création de ces UTeQ qui «ne sont ni plus ni moins que l'équivalent de la police de proximité que Nicolas Sarkozy avait supprimée au nom de son dogmatisme politique».

Les syndicats de police n’en sont pas aussi certains. Pour Jean-Claude Delage, président du syndicat Alliance, les UTeQ n’ont «rien à voir avec la police de proximité» qui n’assurait «aucun suivi judiciaire». «Cela servait à mettre du bleu dans la rue», résume-t-il à 20minutes.fr, soit «une mission purement préventive». Or, pour le syndicaliste, la police se doit d’être également répressive. De plus, si les UTeQ ne constituent pas non plus «la recette miracle», «elles sont juste là où on en a besoin», contrairement à la police de proximité, beaucoup trop généralisée, assure à 20minutes.fr Nicolas Comte, secrétaire général Unité-SGP-FO.

Les syndicats de police satisfaits, mais inquiets sur les effectifs

C'est sur la base d’un audit «ni positif, ni négatif» rendu en janvier dernier que Brice Hortefeux a pris sa récente décision sur les UTeQ. «Je vais en augmenter le nombre de 26», a-t-il ainsi annoncé le 24 juin, ce qui correspond à un quasi-doublement de ces unités en France. Une annonce qui satisfait sur le principe les syndicats de police, même s’ils s’interrogent sur la concrétisation de ce projet.

«Aujourd’hui, cela va être très difficile de les mettre en place, il va falloir trouver les effectifs nécessaires pour intégrer ces UTeQ», indique Jean-Claude Delage, qui souhaite une réorganisation de la mission de sécurité publique, de plus en plus contrainte par la réduction programmée des effectifs de police et de gendarmerie. Parce qu'au final, selon Nicolas Comte, «on crée des unités supplémentaires grâce à des redéploiements d'effectifs et la police n'est plus en capacité d'assumer toutes ses missions.»