«J’ai cette étrange tendance à penser que si je couche avec quelqu’un, la personne pourrait me voler ma créativité à travers mon vagin.» Qu’on la lui vole par le vagin, peu de chances. Mais est-il possible que le sexe nuise à la créativité? Tout dépend de la façon dont on aime créer.

«Il faut s’oublier pour créer», explique le psychosomaticien et andrologue Sylvain Mimoun, auteur de Sexe et sentiments. Or s’oublier, cela veut parfois dire oublier son corps, car il est satisfait, ou ne pas s’en préoccuper (et donc faire abstinence) pour se dévouer tout entier à la création.

L’option de l’abstinence

Si Lady Gaga parvient à faire vœu d’abstinence, c’est peut-être qu’elle trouve un plaisir tel à créer, qu’elle ne ressent pas la frustration – au moins pendant un temps. «La création peut procurer des émotions telles que le cerveau va sécréter des endorphines, des hormones euphoriques que la pratique sexuelle déclenche également», précise le psychosomaticien. La création peut ainsi rendre le manque sexuel non repérable. Par ailleurs, de même que les individus trop accaparés par le travail, les artistes qui se donnent corps et âmes à la création n’ont simplement pas envie de sexe, toute leur énergie est concentrée à autre chose. En faisant l’amour, on dépense forcément un peu de son énergie, c’est ça de moins consacré à son œuvre.

L’option sexe

D’un autre côté, le manque sexuel peut aussi engendrer une frustration telle qu’il devient difficile de créer. Parce qu’avant de créer, il faut être dans la recherche de la création, ce qui n’est pas forcément une période lors de laquelle beaucoup d’endorphines viennent vous satisfaire. Or en faisant l’amour, vous allez stimuler dans votre cerveau une glande, l’hypothalamus, qui va envoyer des signaux aux différentes glandes de votre corps, et stimuler vos ovaires ou vos testicules, et favoriser votre bien-être. Donc vous allez être bien dans votre corps, ce qui peut être pas mal pour créer. Ou pas: certains préfèrent créer dans la souffrance, évidemment.

Lady Gaga est une femme

Cela ne vous aura sans doute pas échappé. «La plupart des hommes sont moins enclins à ce genre de privation que les femmes» constate Sylvain Mimoun. «Mais ce n’est pas une loi, ni biologique, ni sociologique.» Il ne faudrait pas non plus nous faire croire que les femmes n’ont pas des besoins et des envies sexuelles.