INTERVIEW INVERSEEPauline Ado: «On mélange les surfeuses pros et les mannequins, c’est dommage»

Pauline Ado: «On mélange les surfeuses pros et les mannequins, c’est dommage»

INTERVIEW INVERSEELa surfeuse française Pauline Ado confronte notre journaliste sur les clichés associés à son sport et ça fait (un peu) mal…
Pauline Ado

Pauline Ado

Dans 20 Minutes, le surf féminin se fait rare. Pauline Ado, professionnelle de la discipline, l’a bien remarqué. Pour comprendre le traitement médiatique de ce sport, moins axé sur les performances des surfeuses que leurs vidéos glamour, la Française s'est prêté avec humour au jeu de l'interview inversée...

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Pauline Ado : Le traitement du surf féminin sur un média comme 20 Minutes est très minime et la plupart du temps focalisé sur le côté glamour et sexy de notre sport plutôt que sur les performances. Pourquoi selon vous ?

20 Minutes : On écrit pour des internautes et des lecteurs. On sait ce qui les intéresse. On n’écrira jamais un article en sachant qu’il ne marchera pas. Une surfeuse glamour, ça intéresse les internautes. Malheureusement, si on se focalisait sur les résultats de compétitions, les articles seraient moins populaires.

Je comprends l’impératif de course à l’audience sur les sites Internet, le buzz, les journaux qui veulent vendre. Mais je pense aussi que de grands médias ont un rôle pour faire connaître certains sports mineurs. Que les gens ne comprennent pas forcément. N’est ce pas à vous de prendre un peu les devants et de dire : «On va montrer autre chose aux gens parce qu’il y a un intérêt sportif réel» ?

Là-dessus on est d’accord, on peut éduquer le public de temps en temps. Lui faire découvrir des sports mineurs. On le fait d’ailleurs tous les quatre ans lors des JO. Si le surf était aux Jeux, on en parlerait sûrement plus. Vous devriez militer pour être présents. Après, vous ne pouvez pas nier que beaucoup de surfeuses tirent profit de leur image. Et elles ne s'en plaignent pas.

On peut faire des photos et du sport très intelligemment, mais certaines vidéos n’aident pas à la crédibilité de notre sport. On est hors sujet. On s’éloigne du surf. C’est parfois vulgaire. La nudité est très présente. Ça ne sert pas notre sport, ça le décrédibilise. Et puis on mélange aussi les personnes. Les surfeuses pros, sportives. Et le mannequin qui fait un peu de surf. C’est dommage, non ?

Si certaines jouent les mannequins, c’est leur choix. Des gens ont peut-être découvert l’existence du surf féminin grâce à des ces surfeuses là. Et bizarrement on est moins choqué quand les surfeurs paradent torse nu. Ils font aussi les beaux gosses. La nudité fait partie de votre sport que vous le vouliez ou non.

Moi j’aime la compétition et on ne m’a jamais demandé de surfer avec un maillot plus petit. Ce qu’on peut reprocher aux médias, c’est de mettre en avant certaines images plus que d’autres. Est-ce que certains médias ont une éthique ?

Oui, rassurez-vous, il y a quand même des limites. On évite le trash et on a le souci de parler de sport généralement. Mais de ce côté-là, l’intérêt est parfois limité pour notre lectorat. On touche un bassin de population urbain, plus intéressé par le foot que les sports saisonniers et régionaux. Pour le reste, vous devez aussi vous remettre un peu en question.

Oui, on peut encore progresser dans notre sport. Là, il y a la meilleure génération de surfeuses. Les talents sont denses. Le circuit est très, très, jeune. Avant ce n’était pas le cas. On ne peut pas comparer les performances des hommes et des femmes, c’est certain. Le surf féminin a montré une image glamour. Ça a incité énormément de filles à s’y mettre. Avant cela, le surf avait une image masculine. Ça a changé.

Ce qui n’a pas changé en revanche, c’est que vous avez toujours une vie de rêve, à la plage en permanence ;)

Il y a pire comme destinations, c’est sûr. Mais la vie d’une sportive n’est pas toujours idéale. Il m’arrive faire des petits burn-out avec la pression des résultats, les déplacements. Il y a plein de choses à gérer à côté du surf.

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