Attaques terroristes à Paris: Benyettou et Beghal, les deux mentors des «frères» Kouachi et Coulibaly
LES ENDOCTRINEURS (2/5)•«20 Minutes» décrypte la nébuleuse qui entoure les terroristes...William Molinié
L'essentiel
Pour comprendre en détail le réseau des frères Kouachi et de Coulibaly, lisez notre enquête:
- Premier volet: Les auteurs
- Troisième volet: Les femmes
- Quatrième volet: Les «frères» d’armes
- Cinquième volet: Les donneurs d’ordre
Une semaine après le passage à l’acte et le réveil des frères Kouachi et de leur compagnon de route, Amedy Coulibaly, on y voit un peu plus clair dans leur entourage. Plus qu’une cellule terroriste hiérarchisée avec des décideurs et des exécutants, des acteurs de premiers plans et des seconds couteaux, c’est plutôt un nuage de connexions qui lie les acteurs des actes terroristes de la semaine dernière. Tous ne sont pas impliqués directement dans les attaques. Mais la plupart ont croisé leur route.
Deuxième volet, les pères spirituels…
>> Retrouvez l'infographie réalisée par 20 Minutes de cette nébuleuse à tiroirs...
Farid Benyettou, l’ex-gourou
C’est l’ancien émir autoproclamé de la filière irakienne des Buttes-Chaumont entre 2003 et 2005. Il a formé à l’islam radical Chérif Kouachi qu’il rencontre au cours de l’été 2003 lorsqu’ils commencent à fréquenter la mosquée Adda’wa (19e arrondissement de Paris). Il donne à l’époque ses propres cours de religion, inspirés du mouvement Takfir. Il a été condamné en 2008 à six ans de prison pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Sorti en 2011, il a commencé une formation au sein de l’Institut de formation des soins infirmiers (IFSI). Récemment, en décembre dernier, il a intégré le service des urgences de la Pitié-Salpêtrière, selon Le Parisien. Depuis, il a été enlevé du planning par la direction de l'hôpital.
Dans un entretien accordé à iTélé, l’ancien endoctrineur a assuré être revenu dans le droit chemin. «L'islam condamne tout ce qui a été fait, tous ces actes sans exception, l'assassinat lâche et monstrueux des journalistes, des policiers et des juifs. Tout ça, ça ne doit pas être attribué à l'islam. Si vous êtes des meurtriers, ça vous regarde», a-t-il dit, insistant: «Mon slogan c’est plus jamais ça». Il y a deux mois, «Chérif Kouachi est venu (lui) rendre visite». Farid Benyettou se souvient: «Il était très entêté. Mais cette fois, il m'a laissé comprendre qu'il était d'accord avec moi. Je lui ai parlé de l'affaire Merah. Je lui ai dit que j'étais contre l'assassinat d'enfants mais aussi de militaires, que c'était contre l'islam. Il semblait accepter la critique. Il n'y avait rien qui pouvait laisser présager de tels actes.
Djamel Beghal, le mentor rencontré en prison
Âgé de 49 ans, ce dernier est une figure de l'islam radical français. Né en Algérie, Djamel Beghal arrive à 21 ans en France. Il part s'installer en Angleterre puis en Afghanistan durant l'année 2000. Un an plus tard, il est arrêté aux Emirats arabes unis alors qu’il était recherché pour avoir tenté de monter un attentat contre l’ambassade américaine à Paris. Beghal est condamné par la France à 10 ans de prison en 2005 pour le projet d’évasion de Smaïn Aït Ali Belkacem, l’artificier des attentats de 1995. C’est là qu’il rencontre à Fleury-Mérogis les frères Kouachi et Amedy Coulibaly qu’il prend sous son aile.
En 2009, il est libéré et est assigné à résidence dans un hôtel à Murat (Cantal). Un an plus tard, les agents de la Sous-direction anti-terroriste (Sdat) photographient Chérif Kouachi et Djamel Beghal tous les deux à proximité de l’hôtel. Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly sont aussi repérés la même année ensemble alors qu’ils lui rendent visite.
Depuis les attentats, Djamel Beghal a été entendu par les enquêteurs. «Il m'a dit n'avoir rien à voir ni de près ni de loin avec les événements en cours», a déclaré vendredi dernier à l’AFP son avocat Me Bérenger Tourné, qui a eu au téléphone son client incarcéré à Rennes.