François Hollande annonce une vaste réforme de la formation professionnelle
POLITIQUE•Alors que le chômage obsède l'exécutif...© 2013 AFP
Nouvelle réforme pour la formation professionnelle. En déplacement dans le Loire-et-Cher, François Hollande initie lundi dans un Centre de formation d'apprentis (CFA) de Blois une vaste réforme de la formation professionnelle, visant à mettre un peu d'ordre dans le maquis d'un secteur souvent décrié, et qui pèse plus de 30 milliards d'euros annuels.
Pointée par la Cour des Comptes
«L'idée générale n'est pas de pointer les détournements ou les abus de ce secteur, mais d'améliorer l'efficience d'ensemble d'une dépense de 32 ou 33 milliards d'euros par an, qui laisse à désirer», observe-t-on dans l'entourage du président. La formation professionnelle, souligne-t-on de même source, «reste trop peu orientée vers les demandeurs d'emplois et les jeunes peu ou pas formés», qui devraient constituer son coeur de cible.
La Cour des comptes elle-même, fait-on valoir, avait déploré en début d'année «des politiques insuffisamment ciblées sur les publics en difficulté». Il s'agit donc d'en améliorer à la fois le «ciblage» et «l'efficacité».
La lutte contre le chômage en ligne de mire
François Hollande est au plus bas dans les enquêtes d'opinion, alors que le chômage - qui frappe plus de 3 millions de Français - flirte avec son record absolu de 1997. Mais le président maintient envers et contre tout son objectif d'une inversion de la courbe du chômage d'ici à la fin 2013 et multiplie les mesures censées y contribuer.
La visite de Blois intervient ainsi au lendemain de la publication au Journal officiel de la loi sur le contrat de génération, et à deux jours de l'examen en Conseil des ministre du texte sur la «sécurisation de l'emploi», qui transpose l'accord sur la réforme du marché du travail intervenu le 11 janvier entre le patronat et trois syndicats (CFDT, CFTC, CFE-CGC).
Avant de passer aux travaux pratiques, le président Hollande a de nouveau réuni lundi en fin de matinée, à l'Elysée, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et pas moins de 13 ministres pour un nouveau «séminaire» sur l'emploi.
Un dispositif qui bénéficie plus aux cradres
A Blois, il assistera à la signature dans deux PME des premiers contrats de génération, l'un des marqueurs de sa campagne, où plutôt de pré-contrats en attendant les décrets d'application qui devaient être publiés d'ici à une quinzaine de jours.
Ce dispositif prévoit d'accorder une aide forfaitaire de 4.000 euros par an aux entreprises de moins de 300 salariés qui embauchent en CDI un jeune de moins de 26 ans, à condition de maintenir l'emploi d'un salarié de plus de 57 ans jusqu'à la retraite pour assurer une fonction de «tutorat».
Paradoxe de la formation professionnelle, celle-ci bénéficie en premier lieu aux cadres plus qu'aux non-cadres, aux salariés de moins de 40 ans plutôt qu'aux plus de 40 ans et aux salariés ayant une bonne formation initiale, bref à ceux qui en ont peut-être le moins besoin. Les autres catégories restent «dans l'angle mort», déplore-t-on dans l'entourage du président.
Mais il s'agit aussi, précisent ses conseillers, de «mettre de l'ordre dans les relations un peu compliquées entre l'Etat, les partenaires sociaux, Pôle emploi et les régions» qui financent plus de la moitié de l'effort de formation.
Le ministre du Travail Michel Sapin doit lancer dans les tout prochains jours la concertation autour du projet de loi sur la formation, attendu d'ici à l'été pour s'articuler avec la loi sur la décentralisation.
Le texte devra remédier à d'autres maux : un quart des candidats à la formation professionnelle patientent plus de 15 mois avant d'en bénéficier, la certification et l'évaluation des quelque 55.000 organismes qui la dispensent laissent à désirer, tandis qu'un tiers du produit de la taxe d'apprentissage, soit 2 milliards d'euros, finance des établissements d'enseignement supérieur et de grandes écoles.