TELEVISION Isabelle Nanty: «Je suis ulcérée par certains comportements sexistes rétrogrades»

Isabelle Nanty: «Je suis ulcérée par certains comportements sexistes rétrogrades»

TELEVISION A travers son rôle dans la mini-comédie «Le bureau des affaires sexistes», l'actrice est la tête d'affiche de la semaine «En avant toutes!» de France Télévisions qui déploie du 2 au 8 mars une programmation exceptionnelle autour des femmes...
Isabelle Nanty en juge des affaires sexistes, accompagnée de son assistant joué par Pablo Pauly. 
Isabelle Nanty en juge des affaires sexistes, accompagnée de son assistant joué par Pablo Pauly.  - Groupe France Télévisions (France 2)
Annabelle Laurent

Annabelle Laurent

«Géraldine, c’est l’heure de passer sous le bureau… » Dans un bureau des affaires sexistes tenu par la magistrate Marlène Chaton interprétée par Isabelle Nanty, la Géraldine en question raconte le harcèlement quotidien qu’elle subit de son patron, lequel rétorque: «Mais c’était la galette des rois! Elle est comme toutes les gonzesses. Complètement paranoïaque.» Deux versions de l’histoire que démêle avec humour Isabelle Nanty dans le premier des 21 épisodes de la mini-comédie à découvrir, à partir du 2 mars, tout au long de la semaine sur toutes les chaînes de France Télévisions.

L’idée: faire court (3 minutes), drôle et percutant. «Des messages moralisants n’auraient pas été entendus. Le rire permet de déconstruire et de rendre visible, l’air de rien», explique à 20 Minutes Brigitte Grésy, auteur du Petit Traité du sexisme ordinaire et à l’origine du projet avec la journaliste Michèle Fitoussi et la réalisatrice Léa Domenach.

Déni de sexisme

«Affaire classée!» Chaque épisode de la mini-comédie est bouclé par une condamnation, plus ou moins loufoque, d’Isabelle Nanty. «On voulait qu’il y ait un message clair. Il passe par le personnage de la juge qui écoute puis dit la loi. C’est dit avec humour, mais ça rappelle que le comportement est condamnable.» Pour le premier épisode, «la juge dit qui a raison, et pointe la mauvaise foi et le déni de sexisme.»

«On a tourné ça très vite et joyeusement», raconte à 20 Minutes Isabelle Nanty, qui dit avoir accepté les yeux fermés le projet que lui ont soumis la productrice Sophie Bramly et Michèle Fitoussi, deux femmes «qu’elle admire parce qu’elles vont au bout de ce qui les brûle».

«C’était l’occasion de reposer la question d’où on va. Je n’agis pas vraiment, mais je suis concernée. Je suis extrêmement ulcérée par certains comportements rétrogrades. Et quand je vois dans le monde le traitement réservé aux femmes chaque minute qui passe… C’est désarmant. Ça me rend triste et impuissante», confie celle qui a révélé la troupe des Robins des Bois au début des années 1990. «Ma fille étudie à l’école la révolution de 1789. A aucun moment, dans la déclaration, les femmes ne sont exclues. Ne pas être sexiste, c’est un devoir de citoyen», insiste Isabelle Nanty.

Vigilant sur des petites tendances

Pourtant, sur l’impact de cette mini-comédie, la comédienne ne se fait pas d’illusions. «Il n’y a pas un mec hyper macho qui va voir ça à la télé et se dire «Ah bah tiens!» Il faut se lever de bonne heure pour détricoter ce genre de pensées. Mais ça permet d’être vigilant sur des petites tendances. C’est comme la médisance: elle peut être au coin de la bouche de beaucoup de gens, avec un coup de rouge dans le nez…» lance-t-elle encore.

«Je vous condamne à porter un collier électrique dont Mademoiselle aura la télécommande et à chaque comportement déplacé, elle vous enverra une petite décharge sympathique», lance Marlène Chaton au patron de la Géraldine citée plus haut. «J’avais des doutes, parce que ça évoque des trucs un peu sado-maso, mais avec de l’humour ça passe. Il faut qu’on comprenne qu’elle va pas le faire», estime Nanty.

Comment trouver le bon ton? Dénoncer avec humour sans caricaturer au point d’agacer? «Depuis que j’ai écrit le Petit traité, je n’ai plus peur d’en faire trop, assure Brigitte Grésy. En rencontrant les femmes, j’ai réalisé qu’il y avait sur le sexisme une unanimité de perception, alors même que c’est la chose la moins dénoncée au monde. Je restais prudente, j’avais peur d’exagérer, mais elles me disaient souvent. ‘’Non, tu es en deçà du réel’’.»

«En avant toutes!»

Sport, info, films, magazines de société, documentaires… Du 2 au 8 mars, à l’occasion de la journée de la femme le 8 mars, France Télévisions consacre une semaine entière aux femmes baptisée «En avant toutes!» et qui concernera tous les genres de programmes, sur toutes les chaînes (France 2, France 3, France 4, France 5, France Ô et Outre-mer 1ère). Après une première opération en janvier avec une semaine dédiée au théâtre, France Télévisions a voulu «s’emparer de ce sujet de société, car il est important qu’on prenne la parole sur des territoires qui sont légitimes pour le service public» assure David Djaoui, directeur de l'événementiel du groupe.

Et en dehors de cette semaine? «L’idée est de rappeler qu’à France Télé, c’est une cause qu’on défend, pendant les 51 autres semaines de l’année. Chaque année le groupe progresse, et c’est un point de départ pour continuer à traiter l’égalité homme/femme sur nos chaînes.»

>> Tous les horaires de diffusion de la mini-comédie sont ici