CRISEViande de cheval: Peut-on encore avoir confiance dans ce que l'on mange?

Viande de cheval: Peut-on encore avoir confiance dans ce que l'on mange?

CRISEPeut-on se fier aux déclarations des industriels ou faut-il devenir méfiant...
Audrey Chauvet

Audrey Chauvet

La crise de la viande de cheval pourrait bien jeter le doute sur toute la filière viande, voire sur toute notre alimentation. Les industriels nous font-ils vraiment avaler n’importe quoi ou peut-on encore avoir confiance dans ce que l’on mange?

Un système de contrôle «globalement très bon»

En France, ce sont la Direction générale de l’alimentation (DGAL), dépendante du ministère de la l’Agriculture, et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) qui sont chargées de contrôler la non nocivité des produits alimentaires commercialisés et la conformité des ingrédients à ce qui est déclaré par le fabricant. Les importateurs et les restaurateurs, sont eux aussi contrôlés et des plans d’actions «par catégories de produits ou d’établissements» peuvent être déclenchés pour répondre à des plaintes de consommateurs.» La viande est particulièrement contrôlée durant le ramadan pour les «produits cuisinés dont la composition annoncée est sans porc», explique la DGCCRF.

«Notre système de sécurité sanitaire est globalement très bon, reconnaît Olivier Andrault, chargé de mission alimentation et agriculture à l'UFC-Que Choisir. Il n’y a aucune raison de jeter l’anathème sur l’ensemble des produits alimentaires» à la suite de cette affaire, assure-t-il. Néanmoins, l’association de consommateurs demande au gouvernement de maintenir «une forte pression de contrôle officiel» car «l’autocontrôle ne suffit pas»: «Le système ne marche plus si les transformateurs comme Findus n’ont pas toujours la même chaine de fournisseurs, poursuit Olivier Andrault. Quand on a des traders qui s’insèrent et qui arbitrent en fonction des prix, il n’y a plus aucun moyen de s’assurer de la fiabilité des informations qui sont transmises».

Les produits bruts, plus fiables que les produits transformés

Conscient que la confiance des consommateurs avait été encore une fois écornée, Benoît Hamon, ministre délégué à la Consommation, a annoncé lundi soir que la DGCCRF ferait «des contrôles sur des échantillons représentatifs de tous les produits pouvant contenir de la viande de cheval et intensifier les contrôles sur toute la filière viande-poisson pour 2013.» De plus, un travail sera mené avec les distributeurs et les producteurs de viande pour renforcer la traçabilité: «Sur les produits frais, nous pouvons savoir précisément de quelle bête vient le steak que nous mangeons, a rappelé Stéphane Le Foll. Il faut étendre ce système aux produits transformés.»

Car c’est bien là que le bât blesse: «Dès lors qu’il y a la plus petite transformation du produit, on n’est plus obligé de donner l’information de son origine et cela encourage les industriels à aller chercher les ingrédients où ils sont les moins chers», explique Olivier Andrault. Ainsi, un steak devra mentionner son pays d’origine, mais pas un carpaccio de bœuf ou des brochettes. Et cela vaut aussi pour les produits céréaliers ou la volaille, «qui provient souvent du Brésil pour les plats préparés à base de poulet, car le pays en produit grande échelle et à très bas coût», explique Olivier Andrault. Moralité, pour être sûr de ce que l’on mange, mieux vaut éviter les produits transformés et «cuisiner à partir de produits bruts», recommande-t-il.