Sommet sur le climat: Un accord à l'arrachée à Doha
CLIMAT•Un accord a minima sur la lutte contre le changement climatique marque la fin d'un sommet dont personne n'espérait une issue positive...Audrey Chauvet, avec AFP
La présidence qatarie de la conférence des Nations unies sur le climat a annoncé samedi un accord au terme des négociations de Doha sur la lutte contre le changement climatique, donnant naissance à l’acte II de Kyoto. Le vice-Premier ministre qatari Abdallah al-Attiya a annoncé comme adoptés, à toute vitesse, une série de textes: «Les décisions adoptées reflètent la volonté des parties dans leur ensemble», a-t-il déclaré. Mais la Russie a dénoncé un passage en force: «C’est la première fois que je vois un tel précédent», a dénoncé le délégué russe. Pour la ministre française de l'Environnement Delphine Batho, «il fallait éviter qu'un seul pays bloque le résultat si difficile à obtenir au bout de ces quinze jours».
Un accord faible, mais un accord quand même
Alors que les négociations traînaient en longueur et avaient déjà plus d’une journée de retard sur le calendrier prévu, Abdallah al-Attiya est monté à la tribune et a adopté, en rafales, la série de textes en discussion depuis le 26 novembre. L’acte II de Kyoto engage l’Union européenne, l’Australie et une dizaine d’autres pays industrialisés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2020. Ce chapitre, dont la portée sera essentiellement symbolique car les pays engagés ne représentent que 15 % des émissions de GES dans le monde, est la pièce maîtresse de l’accord négocié par plus de 190 pays dans la capitale qatarie.
L'autre gros dossier de l'accord était l'aide financière aux pays du Sud pour faire face au changement climatique. L'accord n'est «pas à la hauteur», a regretté le ministre des Affaires étrangères de Nauru, Kieren Keke, au nom de l'Alliance des petits Etats insulaires (Aosis), sans pour autant dénoncer l'adoption du texte. «Ce processus ne produit que des mots et pas d'action», a-t-il dit, regrettant amèrement que les pays du Nord ne se soient pas engagés sur de nouveaux montants d'aide. Les pays du Sud attendaient des pays développés qu'ils s'engagent à verser 60 milliards de dollars d'ici 2015, pour assurer une transition entre l'aide d'urgence de 30 mds USD pour 2010-2012, et la promesse des 100 mds par an d'ici 2020.
Connie Hedegaard, commissaire européenne pour le climat, s’est félicitée de l’entrée dans une nouvelle ère du protocole de Kyoto, mais regrette la lenteur des négociations internationales.
« 1/2 We crossed the bridge from the old #climate system to the new system. We're now on our way to the 2015 global deal #COP18 — Connie Hedegaard (@CHedegaardEU) December 8, 2012 »
« 2/2 #COP18: Not an easy ride. Not a beautiful ride. And not a very fast ride. But we managed to cross the bridge. Now we need more speed — Connie Hedegaard (@CHedegaardEU) December 8, 2012 »
Le ministre français du Développement, Pascal Canfin, estime pour sa part qu’il s’agit d’un «accord au forceps. Un accord utile pour définir le chemin vers 2015. Mais un accord évidemment insuffisant face à l'urgence climatique». Pour le député Denis Baupin, l’issue du sommet est décevante:
« #Doha2012 se termine donc aux forceps. Une conférence d'étape qui préserve l'essentiel, mais dans la douleur, et à un bas niveau d'ambition — Denis_Baupin (@Denis_Baupin) December 8, 2012 »
Quant à l’eurodéputée Corinne Lepage, elle regrette que l’accord soit aussi faible:
« La #COP18 adopte un texte sans ambition, sans engagement, sans financement à #Doha. Les pertes et dommages sont reconnus mais pas compensés. — Corinne Lepage (@corinnelepage) December 8, 2012 »
Les pourparlers de Doha n'avaient pas vocation à déboucher sur des mesures à la hauteur de l'enjeu, mais d'ouvrir la voie à l'accord global et ambitieux, engageant tous les pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), prévu en 2015 pour entrer en vigueur en 2020. Les négociateurs ont rendez-vous l’année prochaine en Pologne pour la suite des discussions sur le climat.